Sécheresse : le trafic fluvial européen perturbé par des
débits particulièrement bas
Deux des principaux fleuves d'Europe, le Danube et le Rhin,
affichent des niveaux d'eau très bas, remettant en cause le trafic fluvial. Une
situation en décalage avec une étude anticipant les impacts des changements
climatiques sur le Rhin.
Le 2 décembre 2011, des professionnels du transport fluvial
en Alsace ont alerté sur les fortes perturbations de la navigation des péniches
de marchandises sur le Rhin causées par le manque de précipitations dans l'est
de la France ces dernières semaines. Cette faiblesse pluviométrique automnale
se conjugue à un printemps 2011 sec accentuant le manque d'eau.
Une situation similaire à celle constatée sur d'autres
grands fleuves en Europe et notamment sur le Danube, dont le niveau est si
faible par endroit que le trafic est interrompu sur
des dizaines de kilomètres.
des dizaines de kilomètres.
Une année exceptionnelle
"Depuis trois mois il n'y a presque plus d'intempéries
dans nos régions, dans le nord de la Suisse et en Alsace, du coup le niveau du
Rhin est très bas", a expliqué à l'AFP Jean-Laurent Hermann, représentant
des commissionnaires de transport à Strasbourg. Une situation qui s'explique
par un printemps exceptionnellement sec (le 16 mai la ministre de l'Ecologie,
Nathalie Kosciusko-Morizet, réunissait avec un mois d'avance le Comité
sécheresse) partiellement rattrapé par les pluies du mois d'août et un reprise
du déficit pluviométrique à l'automne. "Le drame c'est novembre: il n'y a
pas eu de pluie", illustre un climatologue de Météo France
Par ailleurs, d'autres facteurs expliquent les problèmes
rencontrés sur le Rhin depuis le début de l'année. En juillet, la Commission
internationale pour la protection du Rhin (CIPR) rapportait que les niveaux du
fleuve d'avril et de mai 2011 ont été les plus bas mesurés depuis un siècle. Un
phénomène en partie dû au fait que la fonte des neiges a démarré dans les Alpes
dès janvier et non pas en avril ou mai comme à l'habitude, expliquait la
Commission.
Débit inférieur de 44 % par rapport à la moyenne
En conséquence, les péniches fluviales ne peuvent être
chargées que jusqu'à un enfoncement d'environ 1,50 mètre, alors que les plus
importantes ont une capacité d'enfoncement de 3,80 m à 4 m. Aujourd'hui les
bateaux chargent au tiers de leur capacité totale, cela représente une perte de
30 à 40% du chiffre d'affaires, explique Jean-Laurent Hermann. Le problème
n'est pas nouveau, puisque l'an dernier à la même époque, l'enfoncement des
péniches était déjà limité à 2,80 m.
Avec un débit moyen mensuel de 597 m3/s en novembre 2011,
mesuré à Lauterbourg (Bas-Rhin), le Rhin affiche un débit 44 % inférieur au
débit moyen de novembre qui s'affiche à 1059 m3/s sur la période 1994-2011. Il
s'agit du deuxième débit le plus faible enregistré en 18 ans, derrière 2005
(553 m3/s) et devant 1997 (699 m3/s) et 2003 (743 m3/s).
Le Danube proche de l'étiage record
Toujours en Europe, le Danube est dans une situation
critique. La navigation sur le deuxième plus long fleuve d'Europe, après la
Volga qui coule uniquement en Russie, s'est transformée en cauchemar en raison
d'une sécheresse pratiquement sans précédent, rapporte l'AFP. Cette sécheresse
provoque une baisse presque record du niveau des eaux du fleuve qui traverse
neuf pays avant de se jeter dans la mer Noire.
La situation est particulièrement critique sur le
Bas-Danube, en Bulgarie, mais aussi sur
le Haut-Danube, en Allemagne, Autriche et Hongrie. Là aussi, les barges sont
chargées en-deçà de leur capacité. La Compagnie bulgare de navigation fluviale
annonce qu'en certaines parties du fleuve, il n'est plus possible que les
péniches se croisent alors que la largeur du chenal est prévue pour permettre
le passage de six barges de front.
Pire, le niveau du fleuve est inférieur du niveau minimum de
navigation sur une section de 200 km entre la frontière serbo-hongroise et
Belgrade (Serbie) et sur une section de 70 km en Allemagne. Sur ces deux
tronçons, seules des embarcations légères sont autorisées à passer et les
péniches stationnent en amont ou aval, à l'image de la centaine de péniches
bloquées à proximité de Belgrade.
Selon l'organisation autrichienne de navigation "Via
Donau", le transport de cargaisons sur le Danube ne représente plus qu'un
quart du volume habituel. De même, la navigation sur le canal Rhin-Main-Danube
vers la mer de Nord a aussi été sensiblement réduite au cours des dernières
semaines.
Un avant-goût des changements climatiques ?
L'impact des changements climatiques pourrait être la cause
de ces étiages marqués. Ainsi, alors que depuis une décennie, les débits moyens
annuels du Rhin affichent des niveaux bas comparativement à la décennie
précédente, la question de l'impact des changements climatiques s'est posée et
en 2007 la CIPR a commandé une étude sur le sujet.
Publiés en juillet 2011, les résultats des scénarios sur le
régime hydrologique du Rhin montrent que la situation actuelle ne préfigure pas
forcément de l'avenir. "Les phases de crue et d'étiage seront probablement
plus fréquentes et plus prononcées", estime de CIPR, ajoutant cependant
que "d'après cette étude, les débits sont susceptibles d'augmenter de 20%
au maximum en hiver et de baisser de 10% au maximum en été sur l'ensemble du
bassin du Rhin d'ici le milieu du siècle, avec des fluctuations plus ou moins
importantes selon les régions".
Source: actu-environnement.com
La dernière phrase est très importante pour clarifier une situation et des hypothèses décrites dans l'article ...
RépondreSupprimerSauf erreur de ma part, les prévisions climatiques prédisent dans nos régions (mais ces 2 fleuves couvrent une telle distance qu'ils risque de traverser des zones dont le climat est modifié différemment) que le réchauffement climatique va provoquer une augmentation de la pluviométrie ... ce qui devrait normalement favoriser le transport fluvial.
Ce type de transport devrait d'ailleurs être très largement aidé par les institutions publiques. En effet, pour les grandes distances, une seule péniche permet de remplacer de très très nombreux camions. Une fois au port de déchargement, il existe plusieurs solutions: soit la destination est proche, soit elle est encore éloignée de plusieurs dizaines de km. Dans ce dernier cas, il suffirait de placer sur un train les marchandises et pour parcourir le plus gros de la distance restante. LE réseau ferroviaire européen est suffisamment développé pour permettre cela. Ceux-ci ne devraient donc plus être utilisés que pour les derniers trajets entre les points de déchargement et les points de livraison.
Certains détracteurs de cette solution avancent que la vitesse moyenne de ces péniches est très fabile. Il est vrai qu'elle approche des 10 km/h (tout comme le transport ferroviaire) ... mais ils s'abstiennent bien de donner les vitesses moyennes de transport par camion qui ne doivent pas être bien supérieure: regardez l'ordinateur de bord de votre voiture. Pour peu que vous fassiez un peu de ville, vous tombez en-dessous des 30 km/h.
Une telle approche multi-modale devrait permettre de diminuer très fortement la production de gaz à effets de serre produite par le transport ... et désengorger les routes d'une grande partie des camions ce qui améliorerait aussi la sécurité routière ...
Bref, beaucoup de gens seraient bénéficiaires d'une telle solution
Effectivement, un réchauffement climatique sous nos latitudes (climat océanique: http://fr.wikipedia.org/wiki/Climat_oc%C3%A9anique )va nous amener une période de pluie de type mousson africaine opposée a des été plus secs avec des périodes de sécheresses néfaste a l'agriculture
RépondreSupprimerLe risque de crue des cours d'eaux en hivers sera bien réel, alors que le sol n'aura pas le temps d’emmagasiner assez d'eau ruisselante que pour assurer un stock suffisant dans les nappes phréatiques pour assurer un niveau stable en été ( enfin, j'ai pas d’étude sur le sujet)
Le transport fluvial ? en voila un tres bon sujet pour un billet! tu as des infos a me soumettre ?