De la taïga russe aux Vosges : faire coexister le loup et
l’homme
Spécialiste des loups, de passage en Alsace, Lætitia Becker
apporte son éclairage de scientifique au débat sur le prédateur.
Lætitia, « chez elle », à Belkovo, dans la taïga russe, avec une louve, mère adoptive de louveteaux recueillis (reportage d’Hervé de Chalendar et Jean-Marc Loos, paru dans « L’Alsace », en 2009). |
Depuis qu’elle a rallié le combat de Vladimir Bologov en
faveur des louveteaux orphelins, sur une terre russe où le loup est considéré
comme un nuisible, Lætitia Becker est revenue plusieurs fois en Alsace pour des
conférences. Surtout depuis qu’en 2008, elle a doublé la quête scientifique,
qui lui a valu un doctorat en biologie de l’Université de Strasbourg, d’un
combat associatif sous l’égide de Lupus Laetus (« Loup joyeux »).
Mais pour la première fois, cette semaine, elle a mêlé à son
plaidoyer pour une coexistence « pacifique »
avec le grand prédateur, une intervention inspirée par le contexte de sa région natale, désormais concernée elle aussi par le sujet (lire ci-dessous)…
avec le grand prédateur, une intervention inspirée par le contexte de sa région natale, désormais concernée elle aussi par le sujet (lire ci-dessous)…
Difficile pourtant de comparer les 17 millions de km² de la
Russie, les 40 000 loups qui y sont recensés et les 10 à 15 000 tués tous les
ans dans la taïga, avec les 550 000 km² de notre territoire national, ses 200
loups et les six tirs annuels autorisés sur cette espèce protégée. Encore plus
difficile de faire un rapprochement avec les Vosges, où un seul et unique mâle
a fait son apparition au milieu d’élevages aux caractéristiques elles-mêmes
très différentes de celles du Mercantour, où se concentre l’essentiel des
meutes françaises. C’est ce qu’a commencé par expliquer la scientifique
strasbourgeoise l’autre soir, à l’Université populaire de Mulhouse.
Reste que tout ce qu’elle a pu observer et vérifier des
comportements du mammifère, de la hiérarchie sociale qu’il reproduit dans ses
meutes, de son « sens de la famille », de sa crainte de l’homme, tout cela vaut
aussi bien sur les chaumes vosgiens qu’en Russie centrale.
Avec son compagnon, dont elle traduit magistralement les
réponses en russe, Lætitia Becker a ainsi présenté au public alsacien des «
méthodes de protection du bétail » inspirées de leur expérience, puisqu’aussi
bien à quelques centaines de kilomètres de Moscou qu’à Cornimont, le carnassier
cède aux mêmes penchants de « prédateur opportunis- te », préférant, ici ou
là-bas, se repaître d’un bétail « disponible en grand nombre, paissant en
liberté et sans surveillance », plutôt que de poursuivre d’autres gibiers, à la
traque plus aléatoire, dangereuse et épuisante.
C’est ce qu’elle avait dit aussi, dans la journée, à
plusieurs éleveurs rencontrés à Sérichamp et à Ventron, en compagnie de
responsables d’Alsace Nature, du Conservatoire des sites et du Groupe d’étude
et de protection des mammifères d’Alsace. « L’idée n’est absolument pas de
donner des leçons à la France, a-t-elle affirmé, mais de procéder à un échange
d’expériences. »
Quant à ce qu’elle préconise : « perturber le loup dans sa
phase de recherche de nourriture » — après, dans la phase d’attaque, c’est trop
tard : il ne s’arrêtera plus — en créant, autour des parcs, « des zones de
non-confort psychologique » pour l’agresseur potentiel. Visuel : en attachant
des ballons multicolores ou des bouteilles sur les enclos et en veillant à les
déplacer régulièrement ( « pour éviter l’habituation ») ; olfactif : avec des
désodorisants de voiture, par exemple ; ou encore auditif. Les éleveurs
vosgiens avaient d’ailleurs précédé les suggestions de Vladimir et Lætitia.
L’un lui a confié avoir « parfumé ses brebis » — « mais il l’a fait après avoir
subi une première attaque et n’a pas pu éviter la suivante ».
D’autres avaient laissé des lampes allumées toute la nuit au
milieu du troupeau, voire une radio ! Un autre encore avait « mis des cloches à
certaines brebis : aucune ne s’est fait attaquer ». En tout cas, a témoigné la
conférencière, « le dialogue s’est noué » et, malgré un premier réflexe
défensif, « ils ont compris que nous ne sommes pas des écolos fanatiques ».
Mais quand, de l’aveu de Vladimir Bologov, les paysans
russes rechignent à se bouger pour mettre ces dispositifs en œuvre, préférant
intégrer des pertes occasionnelles de cheptel et s’en remettre à leur fusil —
chaque loup tué est en outre payé d’une prime —, les éleveurs vosgiens, eux,
ont surtout objecté l’argument économique : « Quand il faut faire 50 km
aller-retour pour déplacer des ballons autour d’un enclos, ils invoquent le
temps et l’argent perdus. »
Un domaine où les chercheurs ne sont évidemment pas
compétents et qui, estiment-ils, relève de l’État. Il marque aussi, sans doute,
la limite de la compréhension que les chercheurs peuvent attendre de la part de
ceux qui vivent « au contact » du prédateur.
Pourtant, se convainc Lætitia Becker, « si l’homme prenait
la peine de mieux comprendre le loup, tous deux pourraient coexister en
harmonie ». Ce qui suppose sans doute ce que Thomas Pfeiffer (lire encadré
ci-dessous) qualifie de « travail de pédagogie colossal mais passionnant ».
Avant de repartir bientôt sur un nouveau site russe, en Carélie, Lætitia Becker
se promet en tout cas de tout faire, lors de ses retours en Alsace, pour aider
à cette meilleure connaissance de canis lupus.
Site internet
: www.lupuslaetus.org
sources: lalsace.fr
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